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24 août 2011 3 24 /08 /août /2011 15:44

Chercheur de connaissance

 

J'ai bien peur que tu n’atteignes pas la Mecque, ô nomade !

Car la route que tu suis mène au Turkestan.

Sheikh SAADI, Le Jardin des roses,

« Des usages derviches ».

 

Je me trouvai un jour dans le cercle d'un maître soufi du nord de l'Inde, lorsqu'un jeune étranger fut introduit. Il baisa la main du sheikh et se mit à parler. Pendant trois ans et demi, dit-il, il avait étudié les religions, le mysticisme et l'occultisme, dans les livres, en Allemagne, en France et en Angleterre. Il avait fréquenté une société après l'autre, à la recherche de ce qui pourrait le mettre sur la bonne voie. La religion formelle ne lui disait rien. Après avoir rassemblé une confortable somme d'argent, il s'était mis en route pour l'Orient ; il avait erré d'Alexandrie au Caire, de Damas à Téhéran et traversé l'Afghanistan, l'Inde et le Pakistan. Il était allé en Birmanie et à Ceylan, ainsi qu'en Malaisie. Partout il avait eu des entretiens avec les maîtres spirituels et religieux dont il avait gardé d'abondantes notes.

Il était évident qu'il avait parcouru beaucoup de chemin, à tous points de vue. Il voulait se joindre à ce sheikh, parce qu'il voulait faire quelque chose de concret, se concentrer sur des idées, s'améliorer. Il montrait tous les signes de celui qui est plus que prêt à se soumettre à la discipline d'un ordre derviche.

Le sheikh lui demanda pourquoi il rejetait tous les autres enseignements. Pour différentes raisons, répondit-il ; et différentes dans presque chaque cas. « Dites m'en quelques-unes », dit le maître.

Les grandes religions, commença-t-il, ne me semblent pas assez profondes. Elles se concentrent sur les dogmes. Avant toute chose, il faut accepter les dogmes. Le zen, tel qu'il l'avait connu en Occident, était hors de contact avec la réalité ; le yoga exigeait une discipline féroce si on ne voulait pas en faire « un simple dada ». Les cultes centrés sur la personnalités d'un homme avaient comme fondement la concentration sur cet homme. Il ne pouvait pas accepter le principe que les cérémonie, le symbolisme et ce qu'il appelait la mimique de vérités spirituelles puissent avoir de réalité véritable.

Chez les soufis avec lesquels il avait pu entrer en contact, il lui semblait que le même schéma prévalait. Certains étaient des disciples sincères, d'autres se servaient de mouvements rythmiques qui lui faisait l'effet d'être comme une mimique de quelque chose. D'autres encore enseignaient au moyen de récits qui ne se distinguaient guère de sermons. Quelques soufis s'en tenaient à la concentration sur des thèmes théologiques.

Le sheikh voulait-il l'aider ?

« Plus que vous ne croyez, dit le sheikh, l'homme se développe, qu'il le sache ou non. La vie est une, même si elle apparaît inerte en certaines formes. Tant que vous vivez, vous apprenez. Ceux qui apprennent avec un effet délibéré pour apprendre restreignent le Savoir qui est projeté sur eux dans l'étant normal. Les hommes sans culture possèdent souvent la sagesse à un certain degré parce qu'ils laissent entrer les impacts de la vie elle-même. Quand vous marchez dans la rue, en regardant les choses ou les gens, ces impressions vous enseignent quelque choses. Si vous tentez activement d'en apprendre quelque chose, vous apprenez certaines choses mais qui sont déterminées à l'avance. Vous regardez le visage d'un homme. Ce faisant, des questions surgissent dans votre esprit, et c'est votre propre esprit qui fournit les réponses. Est-il brun, est-il blond ? Quelle sorte d'homme est-ce ? Il y a aussi un échange constant entre l'autre et vous-même.

« Cet échange est dominé par votre subjectivité. Je veux dire par là que voyez ce que vous voulez voir. Ceci est devenu une action automatique ; vous êtes semblable à une machine tout en étant un homme, mais superficiellement éduqué. Vous regardez une maison. Les caractéristiques générales et particulières sont décomposées en éléments plus petits et inventoriées dans votre tête. Mais pas objectivement, en fonction seulement de vos expériences passées. Ces expériences chez l'homme moderne comprennent ce qu'on lui a appris. Ainsi la maison sera grande ou petite, belle ou pas belle, semblable à la vôtre ou dissemblable. En entrant dans le détail, elle aura le même toit qu'une autre, des fenêtres inhabituelles. La machine tourne en rond, parce qu'elle ne fait qu'ajouter à sa connaissance formelle. »

Le nouveau venu semblait abasourdi.

« Ce que j'essaye de vous faire comprendre, dit le sheikh, implacablement, c'est que vous évaluez les choses en fonctions d'idées préconçues. C'est presque inévitable pour un intellectuel. Vous n'aimez pas le symbolisme en religion, avez-vous décidé. Très bien, vous allez chercher une religion sans symbolisme. » Il s'arrêta : « Est-ce cela que vous voulez dire ?

Je veux dire, je pense, que la manière dont différentes organisations utilisent le symbolisme ne me satisfait pas, ne me paraît pas authentique ou nécessaire, répondit le jeune homme.

Cela signifie-t-il que vous sauriez reconnaître, si vous en trouviez, une manière correcte d'utiliser les symboles ? s'informa le maître.

Le symbolisme et le rituel, pour moi, ne sont pas fondamentaux, répliqua le candidat-disciple, et ce sont les choses fondamentales que je cherche.

Reconnaîtriez-vous une chose fondamentale si vous en trouviez une ?

Je le pense.

Alors les choses que nous disons et faisons vous paraîtraient simple affaire d'opinion, de tradition ou encore superficielle ; car nousaussi nous utilisons les symboles. D'autres utilisent les chants, les mouvements, la pensée et le silence, la concentration et la contemplation, et quantité d'autres choses. »

Le sheikh se tut.

Le visiteur parla.

« Pensez-vous que l'exclusivisme judaïque, les rituels du christianisme, le jeûne dans l'islam, les têtes rasées des bouddhistes soient des choses fondamentales ? » Notre invité s'échauffait maintenant sur un thème typiquement intellectuel.

« Les soufis ont ce dicton : l'apparent est le pont vers le Réel, dit le sheikh. Ceci veut dire, dans le cas que nous considérons, que toutes les choses ont un sens. Le sens peut être perdu, la célébration un simple simulacre, une façon sentimentale, mal comprise, de remplir un rôle. Mais, correctement utilisées, elles sont reliées de manière continue à la vraie réalité.

Donc, originellement, tout rituel a un sens et un effet nécessaire ?

Essentiellement, tout rituel, tout symbolisme, etc. est la réflexion d'une vérité. Il peut avoir été changé, adapté, détourné à d'autres fins ; mais il représente une vérité – la vérité intérieure de ce que nous appelons la Voie soufie.

Mais les pratiquants ne savent pas ce qu'il signifie ?

Ils peuvent le savoir en un sens, sur un niveau – un niveau suffisamment pour que le système se propage. Mais pour ce qui est d'atteindre la réalité et le développement de soi, l'utilisation de ces technique ne représente rien.

Alors, dit l'étudiant, comment savoir qui utilise et qui n'utilise pas les signes extérieurs de la bonne manière, celle qui conduit au développement ? Je puis accepter que ces indications superficielles aient une valeur potentielle, dans la mesure où ellespourraient mener à quelque chose d'autre, car il faut partir de quelque part. Mais, pour moi, je ne saurais vous dire quel système je dois suivre.

Il y a un moment vous sollicitiez l'admission dans notre cercle, dit le sheikh, et maintenant je suis parvenu à vous troubler au point que vous admettez ne pas pouvoir juger. Voyez-vous, c'est là l'essentiel : vousne pouvez pas juger. On ne peut pas se servir des outils du charpentier pour l'horlogerie. Vous vous êtes donné une tâche : trouver la vérité spirituelle. Vous avez cherché cette vérité dans de fausses directions et interprété ses manifestations de la mauvaise manière. Quoi de surprenant alors que vous demeuriez dans cet état ? Il y a une autre alternative pour vous, tel que vous êtes à présent. La concentration excessive sur ce thème, l'anxiété et l'émotion engendrées en vous, s'accumuleront finalement à tel point que vous chercherez à vous en soulager. Alors que se passera-t-il ? L'émotion submergera l'intellect et ou bien prendrez-vous la religion en haine ou bien – plus probablement – vous convertirez-vous à un de ces cultes qui enlèvent la responsabilité. Vous vous rangerez confortablement – avec l'idée que vous avez trouvé ce que cherchiez.

N'y a-t-il pas une autre possibilité, même en supposant que j'accepte le fait que mon émotion puisse submerger mon intellect, comme vous le croyez ? » Celui qui a reçu une éducation intellectuelle accepte difficilement qu'on insinue qu'elle ne soit pas globale ou qu'elle puisse être balayée par l'émotion. La légère âpreté dans la voix trahissait le penseur imbu de ses droits, ce qui n'échappa pas au sheikh.

« La possibilité dont vous ne voulez pas est celle du détachement. Voyez-vous, quand nous nous détachons, nous ne le faisons pas de la même façon que vous. L'intellect vous apprend à détacher la pensée de quelque chose et à l'examiner intellectuellement. Ce qu'il faut c'est se détacher à la fois de l'intellect et de l'émotion. Comment pouvez-vous vous ouvrir à quoi que ce soit si vous faites appel à l'intellect pour le juger ? Votre problème est que ce que vous appelez intellect est en réalité une suite d'idées qui prennent tour à tour possession de votre conscience. Nous ne pensons pas que l'intellect soit suffisant. L'intellect, pour nous, est un complexe d'attitudes plus ou moins compatibles que vous avez été éduqué à regarder comme une chose unique. Dans la pensée soufie, il y un niveau au-dessous de celui-là, qui est unique, petit mais vital. C'est l'intellect véritable. Cet intellect véritable est l'organe de la compréhension, existant en chaque être humain. De temps en temps, dans la vie humaine ordinaire, il se manifeste, produisant d'étranges phénomènes, inexplicables par les méthodes habituelles. Tantôt on les appelle phénomènes occultes, tantôt on y voit un transcendement des liens du temps ou de l'espace. C'est cet élément dans l'être humain qui est responsable de son évolution vers une forme supérieure.

Et je dois accepter cela sans examen ?

Non, vous ne pouvez pas l'accepter, même si vous le vouliez. Si vous l'acceptiez, vous auriez tôt fait de l'abandonner. Même si vous étiez intellectuellement convaincu que c'est une hypothèse nécessaire, vous pourriez très bien perdre cette conviction. Non, ce que vous avez à faire est de l'expérimenter. Cela veut dire, naturellement, qu'il vous faut le sentir comme vous ne sentez rien d'autre. Cela entre dans votre conscience comme une vérité différente à regarder en qualité des autres choses que vous avez été habitué à regarder comme vérités. Par sa différence même, vous reconnaissez que cela appartient à ce domaine que nous appelons « l'autre . »

Notre visiteur trouvait cela difficile à digérer ; il revint à ses façons toutes faites de penser. « Essayez-vous de créer en moi la conviction qu'il y a quelque de plus profond, et que je le sens ? Parce qu'autrement, je ne vois pas l'intérêt à passer tant de temps à cette discussion. 

Au risque de vous paraître brutal, dit le sheikh aimablement, je dois vous dire que les choses ne sont pas telles que vous les voyez. Voyez-vous, vous venez ici et vous parlez. Je parle avec vous. Par suite de notre conversation et de notre échange de pensées il se produit beaucoup de choses. En ce que nous avons conversé. Peut-être vous sentez-vous convaincu, ou non. Pour nous le sens de toute cette rencontre a une portée beaucoup plus grande. Quelque chose se passe par suite de cette conversation. Quelque chose se passe, comme vous pouvez bien l'imaginer, dans l'esprit de tous ceux ici présents. Mais quelque chose d'autre se passe aussi – pour vous, pour moi et ailleurs. Quelque chose que l'on comprend quand on le comprend. Prenez ça simplement sur le plan cause et effet. Comme on le comprend en général. Un homme entre dans une boutique acheter un morceau de savon. Par suite de son emplette, beaucoup de choses peuvent advenir – le commerçant a plus d'argent, il faudra commander plus de savons, etc. Les mots prononcés au cours de la transaction ont un effet qui dépend de l'état d'esprit des deux parties. Quand l'homme sort de la boutique, il y a un facteur additionnel dans sa vie qui n'y était pas auparavant : le savon. Beaucoup de choses peuvent s'ensuivre. Mais, pour les deux personnages principaux, tout ce qui estréellement arrivé est qu'un morceau de savon a été acheté et payé. Ils n'ont pas conscience des ramifications de ce fait, et s'y intéressent fort peu. C'est seulement si un fait digne d'attention, à leur point de vue, se produit qu'ils y repensent. Alors, ils diront : « Figurez-vous que l'homme qui m'a acheté du savon était un assassin ; ou peut-être était-ce un roi. Peut-être a-t-il laissé une fausse pièce. » Toute action, de même que toute parole, a un effet et une place. Ceci est la base du « système-sans-système » des soufis. Et, comme vous pourrez le lire dans d'innombrables histoires, le soufi se meut au milieu d'un complexe incroyable d'actions et d'événements en étant intérieurement conscient de leur signification.

Je vois ce que vous voulez dire, dit le visiteur, mais je ne peux pas l'expérimenter. Si c'est vrai, cela explique évidemment bien des choses : les faits occultes, les expériences prophétiques, l'échec de tous, à l'exception d'un petit nombre d'individus, à résoudre les énigmes de la vie par la seule pensée. Et cela pourrait signifier aussi que l'individu conscient du déroulement complexe des événements tout autour de lui peut s'y adapter harmonieusement à un degré impossible pour les autres.

« Mais le prix de cette tentative est le sacrifice de la connaissance possédée antérieurement. Je ne pourrais m'y résoudre. »

Le sheikh ne voulait pas d'une victoire verbale, ni clore le débat par uncoup de grâce : « mon ami, un homme une fois se blessa à la jambe. Il dut marcher avec une béquille. Cette béquille lui était très utile, à la fois pour marcher et pour bien d'autres raisons. Il apprit à toute sa famille à se servir de béquilles, et elles s'intégrèrent à la vie normale. Il était dans des ambitions de chacun de posséder une béquille. Certaines étaient faites en ivoire, d'autres étaient ornées d'or. On ouvrit des écoles pour entraîner les gens à s'en servir ; on fonda des chaires universitaires pour traiter des aspects supérieurs de cette science. Un petit nombre, un très petit nombre d'individus, s'essayèrent à marcher sans béquilles. Ce qui parut scandaleux, absurde. Quelques-uns réagirent et furent punis. Ils tentèrent de montrer qu'une béquille pouvait, dans certains cas, avoir son utilité, ou que nombre des emplois qu'on en faisait pouvaient être remplacés par autre chose. Peu les écoutèrent. Afin de vaincre les préjugés, certains de ceux qui pouvaient marcher sans secours commencèrent à se conduire d'une façon totalement différente de ce que voulait l'ordre établi. Mais ils étaient très peu nombreux.

« Quand on découvrit qu'après s'être servi de béquilles pendant tant de générations peu de gens savaient en fait marcher sans elles, la majorité « prouva » qu'elles étaient nécessaires. « Regardez, disaient-ils, voici un homme. Essayez de le faire marcher sans béquilles. Voyez ! Il ne peut pas ! - mais nous marchons bien sans béquilles, leur rappelaient les marcheurs ordinaires. - Ce n'est pas vrai ; c'est pure imagination de votre part », répondaient les boiteux, car entre-temps ils étaient aussi devenus aveugles, aveugles parce qu'ils ne voulaient pas voir.

L'analogie ne cadre pas complètement, dit le jeune homme.

Est-ce qu'une analogie cadre jamais complètement ? demanda le sheikh. Ne voyez-vous pas, que si je pouvais tout expliquer facilement et complètement, au moyen d'une seule histoire, cette conversation serait totalement inutile ? Seules les vérités partielles sont exprimées exactement par l'analogie. Par exemple, je peux vous donner un modèle parfait de disque circulaire et vous pourrez en découper des milliers à partir de celui-ci. Chacun sur la copie de chacun des autres. Mais, ainsi que nous le savons tous, un cercle n'est que relativement circulaire. Augmentez ses dimensions proportionnellement plusieurs centaines de fois et vous vous apercevrez que vous n'avez plus un vrai cercle.

C'est un fait de la science physique ; je sais que toutes les lois scientifiques ne sont que relativement vraies. La science elle-même l'affirme.

Et pourtant vous cherchez l'entière vérité par des méthodes relatives ?

Oui, et vous aussi, puisque vous dites que les symboles, etc. sont des « ponts vers le réel » quoiqu'ils soient incomplets.

La différence est que vous avez choisi une méthode unique pour approcher la vérité. Ce n'est pas suffisant. Nous utilisons beaucoup de méthodes différentes, et nous reconnaissons qu'il y a une vérité qui est perçue par un organe intérieur. Vous essayez de faire bouillir de l'eau, mais vous ne savez pas comment. Nous faisons bouillir l'eau en réunissant certains éléments – le feu, le récipient, l'eau.

Mais alors, et l'intellect ?

Il doit être replacé dans une perspective correcte, trouver son niveau propre et ceci lorsque l'équilibre de la personnalité, qui fait actuellement défaut, sera rétabli. »

Après le départ du visiteur, quelqu'un demande au sage : « Pouvez-vous commenter cet entretien ?

Si je le commentais, répondit-il, il perdrait de sa perfection. »

 

Le doctrine soufie de l'équilibre entre les extrêmes a plusieurs significations. Appliquée à la relation maître-élève, à la capacité d'apprendre d'un autre, elle implique l'obligation pour l'individu de se libérer d'une forme de pensée incorrecte, avant de pouvoir commencer à apprendre. Notre candidat-disciple occidental doit apprendre que ses hypothèses sur sa propre capacité d'apprendre ne peuvent avoir cours dans un domaine où il ne connaît pas en fait la nature de ce qu'il essaye d'apprendre. Tout ce qu'il sait réellement est qu'il est d'une certaine façon insatisfait. Tout le reste, c'est sa collection personnelle d'idées sur la raison possible de son insatisfaction, c'est sa tentative pour trouver un remède à la maladie qu'il a diagnostiquée sans d'abord mettre en doute ses capacités diagnostiques.

Nous avons choisi un incident vécu où un Occidental était impliqué mais cette forme de pensée n'est pas confinée à l'Occident. De là même façon, l'extrême opposé, l'homme qui désire se soumettre complètement à la volonté d'un maître – ce qui est une caractéristique reconnue de l'esprit oriental – est presque tout aussi inapte. Le chercheur doit atteindre avant tout un certain équilibre entre ces deux extrêmes avant que puisse lui être reconnue la capacité d'apprendre.

Ces deux types d'hommes apprennent quelle est leur capacité d'apprendre principalement en observant le maître soufi et son comportement. Ses actions et ses paroles, du fait qu'il est l'exemplaire humain, sont le pont entre l'incapacité relative de l'étudiant et la condition soufie. A peine une personne sur cent a, ordinairement, la moindre notion de ces deux exigences. Si l'étudiant, par une étude attentive de la littérature soufie, entrevoit le principe sur quoi opère la relation maître-élève, il aura plus que de la chance.

Il peut le découvrir dans le matériel soufi, pourvu qu'il soit prêt à le lire et à le relire, à s'entraîner à éviter les associations automatiques qui classent ou étiquettent pour lui la pensée soufie (et toute autre pensée). Généralement parlant, il se laissera plus probablement attirer temporairement par quelque école plus plausible qui fixe des principes inflexibles sur lesquels il pourra s'appuyer.

 

  Idries Shah, Les Soufis et l'ésotérisme

 

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