Se connaître, c'est s'ignorer

Chacun connaît l'exhortation universelle à "se connaître", on la rencontre en effet dans toutes les Traditions et elle est d'une importance particulière. Cependant, il ne faudrait mésentendre le précepte et se lancer dans une voie proprement interminable et rigoureusement futile.

Futile et interminable, parce qu'il est impossible de parvenir à connaître tout ce qui compose l'individu (id est le corps, l'âme et l'esprit dans leur intégralité) et qu'une telle connaissance, quand même elle eût été possible, se servirait strictement à rien sur le plan spirituel. Que pourrait bien apporter la connaissance de l'illusoire quand la quête est le Réel ? Que pourrait nous apporter des lucioles quand on vise exclusivement le Soleil ? Ne doit-on pas ignorer les gouttelettes à peine perceptibles quand on ne cherche qu'à se noyer dans l'Océan Infini ?

Cela dit, pourquoi donc faut-il chercher à se connaître et qu'est-ce que cela veut dire ?

En deux mots : percevoir ce que l'on n'est pas.

Suis-je ce corps ? Certainement pas ! Serais-je la somme de mes pensées, de mes émotions, de mes sentiments, de mes chimères et sottises ? Certes non ! Suis-je l'esprit ? Non, assurément ! puisque je peux le percevoir et que, par définition "JE" ne peux être ce que JE perçois.

Lorsque tout ce que JE ne suis pas est évincé et perçu comme illusoire, le JE lui-même s'efface et laisse la place à l’Être, à LUI, puisque LUI seul est.

En somme, se connaître signifie investiguer afin de broyer graduellement tout ce qui relève de l'illusoire et le terme de cette investigation est la disparition même du JE ; qui se connaît donc ne peut que s'ignorer, puisqu'il n'est plus.