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6 janvier 2017 5 06 /01 /janvier /2017 13:35

Anomalie, erreur, machine méphitique,

Créée par le vice et par l'usurpation,

Mensonge, perfidie, abomination,

Propagande et forfaits : voilà la République.

 

« Mais ce beau pays, il ne suffit pas de le garder et de l'agrandir, il faut le mettre en valeur. Le Roi construit des routes, traces des canaux, creuse des ports, endigue les rivières, ouvre des écoles, crée des hôpitaux, protège des Universités et des Académies. Monuments de gloire et d'utilité le proclament à l'envi père de la patrie et bienfaiteur public.

 

Quand les vieux auteurs parlent de lui, ils paraissent saisis d'une dévotion surnaturelle. Il est, disent-ils, le premier des Rois. Aucun souverain ne peut lui être comparé, ni pour l'ancienneté de sa couronne, ni pour l'éclat de son trône, ni pour l'étendue et la sainteté de son pouvoir. C'est un personnage divin que toute la nation honore et sert avec joie : « tout l’État est en lui, écrit Bossuet, la volonté du peuple est enfermée dans la sienne ; comme en Dieu est réunie toute perfection et toute vertu, ainsi toute la puissance des particuliers est réunie dans celle du Prince... » On disait couramment en Europe que le Français était « ivre d'amour pour son Roi. » Le maréchal Marmont, né quinze ans avant la Révolution, raconte, dans un passage célèbre de ses Mémoires, quel prestige avait encore Louis XVI dans les derniers jours de la monarchie : « J'avais pour le Roi un sentiment difficile à définir, un sentiment de dévouement avec un caractère religieux. Le mot de Roi avait alors une magie, une puissance que rien n'avait altérées. Dans les cœurs droits et purs, cet amour devenait une espèce de cultes. » Et l'on citait avec complaisance cette phrase d'un ambassadeur vénitien du XVIe siècle ; « Le royaume de France a toujours été reconnu, par un consentement unanime des peuples, pour le premier et le plus excellent royaume de la chrétienté, tant par sa dignité et sa puissance que par l'autorité absolue de celui qui le gouverne. »

 

Mais ce sont là des mots, des mots dont le sens a souvent changé, car les hommes ne se font pas de l'autorité une idée unique et invariable, mais, au contraire, l'entendent de façons changeantes et diverses.

 

La manière dont la France monarchique s'étaient formée par pièces et morceaux sur les ruines de la France féodale donnait au pouvoir royal, théoriquement sans limites, un caractère et des bordes que, citoyens d'un État bureaucratique, napoléonien et à demi socialisé, nous soupçonnons difficilement.

 

L'autorité nous apparaît aujourd’hui sous les traits d'un fonctionnaire assis derrière un bureau et investi des droits les plus étendus, y compris celui de nous transformer en militaires et de nous envoyer recevoir des morceaux d'acier sur les champs de bataille.

 

Ce personnage est éternel, immuable, identique à lui-même d'un bout à l'autre du territoire. En plaine et en montagne, en Île-de-France et en Lorraine, il applique les mêmes règlements et perçoit les mêmes impôts. Il est tout-puissant parce que son espèce est nombreuse, parce que tout le monde a besoin de lui, parce que ses décrets sont appuyés sur une police active, une magistrature vigilante et un immense matériel de coercition. Il recense, enregistre, espionne. Il dénombre nos revenus et fait l'inventaire de nos héritages. Il sait si nous possédons un poste radio, un chien ou une automobile. Il instruit nos enfants et fixe le prix de notre pain. Il fabrique nos allumettes et nous vend notre tabac. Il est industriel, armateur, commerçant, assureur et médecin. Il a des tableaux, des forêts, des chemins de fer, des hôpitaux, des banques et des usines. Il accapare la charité. Si nous appartenons au sexe masculin, il nous fait comparaître devant lui, nous pèse, nous mesure, examine le fonctionnement de notre cœur, de nos poumons et de notre rate. Nous ne pouvons faire un pas ou un geste sans qu'il en soit averti, sans qu'il trouve prétexte d'intervenir. Sans parler des industries nationalisées, un million de Français au moins sont à son service, deux ou trois millions sont pensionnés par lui et les autres aspirent à l'être. Tout le monde grogne, mais obéit, et lorsqu'un de ses agent est houspillé par un électeur mécontent, il n'y a qu'une voix pour flétrir cette audace, demander des prisons et des juges pour le sacrilège.

 

Cette conception d'un gouvernement bureaucratique servi par une armée de fonctionnaires, promulguant pour une nation d'administrés une seule législation, est peut-être ce qu'il y a de plus étranger à l'Ancien Régime. Les plus grands réformateurs, les plus amoureux de l'unité, Colbert, Machault, Maupeou, Lamoignon, ne pouvaient même pas imaginer une pareille uniformité, ni pareille docilité. »

P. Gazotte, La Révolution française

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