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1 août 2013 4 01 /08 /août /2013 15:44

Vas-tu longtemps gémir, amoureux désolé
Des vestiges dorés de ce monde écroulé ?
N'as-tu donc pas compris qu'en ce temps lamentable,
Où tout est vanité à moins d'être rentable,
Les lettres, la culture et les humanités
Ont quitté dès longtemps les murs de vos cités ?
Les hommes, rabaissés, ne voient plus la lumière
Que répandaient jadis les Virgile et Homère,
Et, sottement certains de sa futilité,
Se contentent, heureux, de cette obscurité.
Chaque chose a son temps ! ces étoiles antiques,
Rayonnant sur Rome et sur les terres attiques,
Façonnèrent l'Europe et tous ses grands esprits
Par le charme immortel de leurs puissants écrits,
Et les fruits contenus dans leur œuvre pérenne
Élevèrent la brute à la grandeur humaine.
Mais les hommes, hélas ! en ces jours où tu vis,
Attachés à l'utile, aveuglés et ravis
Par les attraits fangeux que leur tend notre monde,
Acceptent fièrement leur ignorance immonde,
Et loin de regretter leur état affligeant,
S'emploient à conserver leur esprit indigent.
Leur troupeau désolant, insensé, sourd et myope,
Ignorant Apollon et les sœurs de Calliope,
N'a d'autre ambition, n'a nul autre vœu
Que de courir grossir, aussi vite qu'il peut,
Animé par le lucre et par la convoitise,
Les rangs de la pègre et des moutons d'entreprise
Où l'esprit s'atrophie et la bêtise croît,
La culture s'éteint et les hommes déchoient.
Pourquoi donc élever ta voix trop impuissante
Et déplorer en vain la sottise ambiante ?
Et pourquoi critiquer ces hommes hébétés
Alors que c’est le vœu de nos sociétés
Que de les voir ainsi, vides, incultes, rustres,
Végétant à l’abri des génies illustres.
Jadis l’école avait la noble mission
De donner à l’enfant une formation
Qui pût faire de lui un futur honnête homme,
Lettré, savant, urbain, un humaniste en somme.
Aujourd'hui l'on ne veut, las ! que lui inculquer
Comment s'alimenter et comment forniquer.
Et l’on cultive assez sa pauvre matière grise
Pour qu’il s
ache accomplir sa tâche à l’entreprise !
Qu’importe s’il demeure ignorant des beautés
De ces trésors sacrés dont on a hérités,
Et qu’importe qu’il soit, à la fin de l’école,
Aussi pauvre d’esprit qu’il l’est dans sa parole ?
Tel est le mouvement monstrueux et fatal
Qui replonge l’humain dans un statut bestial ;
Or cet abaissement, abominable injure
Envers la connaissance et envers la culture !
Est souhaité, voulu, par ceux dont le devoir
Est d’aider la culture et de la promouvoir…
A quoi bon résister et crier ta colère
Contre un crime inouï que le monde tolère ?
Ton courroux impuissant et tes mots sans effet
N’empêcheront en rien ce sinistre forfait.
Étouffe donc tes cris ! et observe en silence
Le triomphe éclatant de la triste ignorance
Sur les aspects brillants de tout esprit humain
Que pouvait voir hier mais ne verra demain.
Ta lamentation, sache-le bien ! est veine :
Où les Charles* sont rois, la Connerie est reine !

 

* Un certain "ministre de culture".

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