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10 août 2016 3 10 /08 /août /2016 13:16

Ce mot est très en vogue, il ne se passe pas un jour sans qu'il en soit question dans les médias ou dans la bouche du peuple, mais je n'ai jamais entendu quelqu'un le définir clairement dans les médias. Pourtant, lorsqu'on manie des notions, fussent-elles fort communes, il conviendrait d'en donner le sens afin que chacun puisse comprendre ce dont il s'agit.

 

Il est ainsi question d' « extrémisme religieux », des « extrémistes catholiques », parfois, des « extrémistes musulmans », que l'on désigne aussi par le mot « islamistes » lequel, en réalité, ne veut pas dire autre chose « musulman » (cette confusion honteuse et diabolique vise bien évidemment à présenter l'islamisme comme une religion barbare, incompatible avec l'humanité). Que les autres fassent comme bon leur semble, mais les croyants, et plus généralement tous ceux qui sont soucieux de la vérité, doivent être conscients que l'usage de ce mot incrimine et invalide de fait leur religion ou les religions dans leur ensemble. En effet, ces expressions font des actes barbares que certains commettent au nom de telle doctrine des possibilités parfaitement permises par ladite doctrine. Réfléchissons-y.

 

L'extrémisme est défini par le dictionnaire comme la « tendance à adopter des opinions, des conduites extrêmes » (TLF), et pour l'encyclopédie populaire le terme « est utilisé pour qualifier une doctrine ou une attitude (politique, religieuse ou idéologique) dont les adeptes refusent toute modération ou toute alternative à ce que leur dicte cette doctrine ». Selon les deux définitions, et d'après l'étymologie, l'extrémisme se traduit donc par l'adoption d'opinions ou la commission d'actes se situant à l' « extrémité » d'une doctrine ou idéologie donnée. C'est là que réside tout le problème. En effet, l' « extrémité » d'une doctrine fait encore partie de ladite doctrine, elle ne se situe pas à l' « extérieur » mais bien à l' « intérieur » de la doctrine ou idéologie considérées. Le méfait détestable que nous commettons lorsque nous parlons d' «extrémisme religieux » ou, ce qui est plus fréquent en ces temps, d' « extrémisme » musulman (ou « islamiste », c'est exactement la même chose), c'est que nous considérons, consciemment ou par ignorance, les actes inhumains comme des actes tout à fait licites, bien qu'ils soient « à l'extrême », dans le cadre de la religion en général ou dans celui d'islamisme en particulier. Cela revient à dire, non pas que ces actes sont des crimes commis par des individus dans on ne sait quelle intention, mais que ce sont des prescriptions religieuses auxquelles obéissent les fidèles. Voit-on la monstrueuse déformation des choses... ?

 

Fondamentalement, l'usage de ces expressions attente ouvertement à la validité, à la légitimité, à l'authenticité même des religions, puisqu'il affirme, implicitement peut-être, que la barbarie est un commandement de la religion, islamique en l'occurrence, que la doctrine islamique approuve et ordonne la monstruosité. Or une doctrine qui ordonne, même dans ses « extrémités », de pareilles ignominies ne peut être une doctrine divine, mais une simple duperie montée par quelque rusé dans tel but. Parler d' « extrémisme religieux », c'est, en définitive, nier la notion même de religion...

 

Ces quelques remarques s'appliquent, en partie, à la notion de « radicalisme » aussi. Le sens de ce dernier est totalement déformé, puisque « radical » veut dire « relatif aux racines » et qu'en matière religieuse, « radical » ne peut que désigner quelqu'un qui est fidèlement attaché aux « racines » de sa religion. Dans l'absolu, si l'on applique l'adjectif à un homme, on voudra dire que c'est quelqu'un qui va « au fond des choses », qui ne se contente pas des simples apparences, qui creuse les faits et les idées jusqu'à leurs « racines » pour en comprendre la réalité... Pourquoi cette altération flagrante et criminelle des mots ? et pourquoi les tolère-t-on ? Pourquoi admet-on ces corruptions, ces mensonges, ces manipulations, pourquoi accepte-t-on ces attentats contre la langue et contre la vérité qu'elle véhicule ? Ne serions-nous donc plus censés être les instruments de la vérité, dont le service commence par le respect de la langue ?...

 

Un dernier mot : à la lecture de certaines de mes remarques, l'on pourrait croire que je cherche à défendre l'islamisme. Je suis certes musulman, mais je n'ai jamais eu le désir de « défendre » l'islamisme, non pas à cause de mon ignorance et de mon inaptitude – défendre une cause demande un solide savoir et un certain talent oratoire qui me sont étrangers – mais parce que je n'ai pas à défendre ma religion. La seule chose qui me répugne, c'est quand je vois des gens récuser les religions, ou l'islamisme en particulier, non pas en critiquant tel aspect doctrinal, mais des traits viciés que leur ignorance attribue à la religion... Concrètement, j'estime que chacun à le droit, par exemple, de s'emporter contre l'islamisme parce qu'il ordonne la prière rituelle, ou de s'en prendre au catholicisme à cause de la Trinité, car ces points font réellement partie des doctrines respectives, mais je trouve parfaitement détestable et déshonorant que l'on leur reproche tel aspect qu'ils n'ont pas en réalité et que notre ignorance seule, soutenue par la haine sans doute, leur attribue. Cette attitude indigne offense la vérité et discrédite d'emblée ceux qui l'adoptent.

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